mardi 18 septembre 2012

1ère SB séq.1 texte 3



Séquence 1 : L’entrée du  héros dans le roman
Texte 3- Maupassant, Bel-Ami (1885)


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       Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.
     Comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups d’épervier.
Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d’un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d’une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.
       Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.
     Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval ; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route.
    Il inclinait légèrement sur l’oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l’air de toujours défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil.
    Quoique habillé d’un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d’un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.
Première partie, Chapitre 1

jeudi 6 septembre 2012

1ère SB- Séq.1-Texte 2


    Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.

LE MAÎTRE : C'est un grand mot que cela.
JACQUES: Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet.
LE MAÎTRE : Et il avait raison...
Après une courte pause, Jacques s'écria: « Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret! »
LE MAÎTRE: Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien.
JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la bataille se donne.
LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse.
JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.
LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux ?
JACQUES: Si je l'ai été!
LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu ?
JACQUES: Par un coup de feu.
LE MAÎTRE: Tu ne m'en as jamais dit un mot.
JACQUES: Je le crois bien.
LE MAÎTRE: Et pourquoi cela ?
JACQUES: C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard.
LE MAÎTRE: Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ?
JACQUES: Qui le sait ?
LE MAÎTRE: A tout hasard, commence toujours...
Diderot, Jacques le fataliste et son maître


Question 1 : A travers le ton de son récit, quelle image le lecteur se fait-il de Jacques?
Question 4 : Quel est le rôle du maître dans le dialogue? Quelle est la fonction du premier paragraphe?


1ère SB - Séquence 1- texte 1


Séquence 1 : L’entrée du héros de roman – texte 1
Mme de la Fayette, La Princesse de Clèves (1678)
                  « Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde »
Tout au début de son roman, Madame de La Fayette plante le décor : elle évoque la cour somptueuse d'Henri II, brosse quelques portraits. Cette vie de magnificence et de fêtes va son train, lorsque survient une jeune beauté qui fait sensation c'est Mademoiselle de Chartres, la future princesse de Clèves.
         Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame1 de Chartres et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de Mme de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires2. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Mme  de Chartres avait une opinion opposée; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements3 ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée.
       Cette héritière était alors un des grands partis qu'il y eût en France ; et quoiqu'elle fût dans une extrême jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs mariages. Mme de Chartres, qui était extrêmement glorieuse4, ne trouvait presque rien digne de sa fille ; la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu'elle arriva, le vidame alla au-devant d'elle ; il fut surpris de la grande beauté de Mme de Chartres, et il en fut surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes.
Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, tome 1
1- Titre nobiliaire qui, à l’origine, servait à désigner le représentant d’un évêque.
2- sortaient de l’ordinaire
3- les liaisons amoureuses
4- fière

mardi 4 septembre 2012

2de C- Cahier de textes 1


Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme
Supports : Groupement de textes 1 : Les projets réaliste et naturaliste
                   Groupement de textes 2 : Le  héros réaliste et l’apprentissage du monde
                   Œuvre intégrale : Maupassant, Boule de Suif      
Objectifs  : aborder les problématiques du genre romanesque (question du point de vue, pessimisme du roman au XIXème, réalisme du genre…)
·         étudier la vision de l’homme, de la femme, des rapports sociaux et familiaux qui transparaît à travers le roman.
·         proposer des liens entre littérature et peinture
Séquence n° 1 : L’ambition réaliste : faire vrai
Problématique : Quelles réalités les romanciers font-ils entrer en littérature ?
7/09- S1 : Etude comparée des projets de Balzac, Zola et Maupassant 
1) Balzac, Avant-propos de La comédie humaine, p.309
2) Zola, La Fortune des Rougon, Préface, p.375
3) Maupassant, Préface de Pierre et Jean, p.387
11/09-TP1 La prise de notes et la réalisation d’une fiche de synthèse sur le réalisme
11/09-S2 : L’écriture réaliste  à partir de trois pages  de roman
1) Balzac, César Birotteau  p.314
2) Zola, L’ Assommoir  p.376
3) Maupassant, Bel- Ami, p. 386
Ø  Comment   chacun de ces textes répond-il à l’ambition réaliste ? Vous proposerez  au moins trois preuves par texte. Vous aurez bien sûr  revu  le cours précédent (S1).
16/09-S3 : Les questions sur le corpus : L’entrée dans un roman réaliste ou naturaliste 
1) Flaubert, L’éducation sentimentale, (doc.1)
2) Zola, Germinal, (doc.1)
3) Maupassant, Bel-Ami, p.386
Ø  A l’aide d’un tableau  (modèle ci-dessous), vous comparerez les trois héros et les trois entrées en scène
Textes
désignation,
caractérisation physique et sociale
d’où vient le héros ? 
où est-il ?
où va-t-il ?
verbes de mouvement
1)






18/09-TP2 : Les points de vue narratifs
18/09- S4 : HIDA : Le réalisme dans la peinture.
Séquence n°2 : Le héros réaliste et l’apprentissage du monde
 Problématique : Comment se construit le héros réaliste ?
21/09- S1 : Le héros réaliste chez Balzac
Balzac, Le Père Goriot p.312
Ø  questions 1,2 et 3 p.313
21/09- S2 : Vers l’écriture d’invention  sujet p.313
25/09- TP 3 : Les discours rapportés
25/09- Devoir n° 1 : La question sur le corpus
12/10- S3 : Le héros réaliste chez Flaubert,
Flaubert, Madame Bovary p.353
12/10-S4 : Vers le commentaire : la description de la casquette de Charles
9/10- TP 4 : préparation du devoir n°2
9/10-S5 : Le héros réaliste chez Stendhal
Stendhal, La Chartreuse de Parme p.321
Ø  questions 2,3 et 4
Devoir n° 2 à rendre pour le 16/10 : commentaire - Flaubert , Madame Bovary