mardi 11 juin 2013

séquence 3- affaire Calas

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uS21zc29qN2Fhajg/edit?usp=sharing

Le mariage de Figaro diaporama

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uQ3R3eXlUaEJ1NGs/edit?usp=sharing

Roberto Zucco Mise en scène Théâtre de Vienne

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Roberto Zucco mise en scène The cutting ball 2002-2003

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Roberto Zucco Koltes diaporama

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uX0ttblViTVg4b00/edit?usp=sharing

Mises en scène théâtre de l'absurde diaporama

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séquence 5 -diaporama les vanités lubin Baugin Nature morte à l'échiquier

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uU3c5NDB3S2ZPNnc/edit?usp=sharing

diaporama Gauguin - séquence 6

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uMUlmck1ZQ2hKWUU/edit?usp=sharing

Le repas des fauves

diaporama Vahé Katcha
https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4uUExnV0dhb19FaDQ/edit?usp=sharing

diaporama Rimbaud

https://docs.google.com/file/d/0B8Cz_bQnWR4ubGhhUWFBWWhwajQ/edit?usp=sharing

Séquence 5 texte 1 Montaigne

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lundi 10 juin 2013

S8 : Autres aventures poétiques et expériences de jeunesse (2)



S8 : Autres aventures poétiques et expériences de jeunesse (2)
Verlaine a publié ce poème à l’âge de 19 ans. On peut le mettre en relation avec « À la musique » de Rimbaud.  
Monsieur Prudhomme1
Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.   
             
Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille
Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux ?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille

Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu.
Il est juste-milieu2, botaniste et pansu.
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles3,

Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza4,
Et le printemps en fleur brille sur ses pantoufles.
Verlaine, Poèmes saturniens , « Caprices »V (1863)
1. Personnage littéraire représentant le bourgeois satisfait
2. Modéré
3. Grossiers personnages
4. Rhume de cerveau
Le poète approuve l’exil poétique de Rimbaud, pris ici comme symbole de la résistance au monde souhaitable selon Char pour les jeunes poètes et par extension pour tous les vrais créateurs .
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud!
       Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
       Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
     Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.
René CHAR, in « La Fontaine narrative » dans Fureur et mystère (1948)

S8 : Autres aventures poétiques et expériences de jeunesse

S8 : Autres aventures poétiques et expériences de jeunesse






Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, (vers 1 à 42) (1913)
Ce long poème de 445 vers, nourri de références propres à l’histoire de Cendrars, se présente comme le récit d’un jeune narrateur de seize ans qui fait le voyage de Moscou à Kharbine (ville de Mandchourie) en compagnie de Jeanne, une jeune fille parisienne.
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16 000 lieues1 du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était alors si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d’Ephèse2 ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.

Le Kremlin3 était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode4
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes5
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit6 s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences8 du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

Pourtant, j’étais fort  mauvais poète.
Je ne savais pas aller jusqu’au bout.
J’avais faim
Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J’aurais voulu les boire et les casser
Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillons sur les mauvais pavés
J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaives
Et j’aurais voulu broyer tous les os
Et arracher toutes les langues
Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent…
Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe9
Et le soleil était une mauvaise plaie
Qui s’ouvrait comme un brasier.

En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance
J’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes
Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux […]



 

Victor Hugo

Vieille chanson du jeune temps

 (1856)

Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.

Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.

Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.

Les contemplations

 

 

Rimbaud, Les Cahiers de Douai (1870) poème n° 4




Rimbaud, Les Cahiers de Douai (1870)  poème n° 4

MA BOHÈME  (Fantaisie)

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Séquence 7- Rimbaud, poème n° 3, Les Cahiers de Douai (1870)



Rimbaud, Les Cahiers de Douai (1870)  poème n° 3
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.

 
- L'orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la valse des fifres :
- Autour, aux premiers rangs, parade le gandin;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres ;


Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames;

 
Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent : "En somme !..."

 
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
savoure son onnaing d'où le tabac par brins
Déborde - vous savez, c'est de la contrebande; -

 
Le long des gazons verts ricanent les voyous;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes...

 
- Moi, je suis débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien, et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

 
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.

 
J'ai bientôt déniché la bottine, le bas...
- Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas...
- Et mes désirs brutaux s'accrochent à leurs lèvres ...    Rimbaud, Les Cahiers de Douai


Séquence 7- Poème 2 : Arthur Rimbaud, « Roman », Cahiers de Douai



Poème 2 : Arthur Rimbaud, « Roman », Cahiers de Douai                  
                          
                             ROMAN

                                     I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade1,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade2

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, — la ville n’est pas loin,
— A des parfums de vigne et des parfums de bière...
                                 II
— Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur3 sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué4 d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser5.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague6 ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
                                III
Le cœur fou Robinsonne7 à travers les romans,
— Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif...
— Sur vos lèvres alors meurent les cavatines8....

                                IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux — Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
— Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire...!

— Ce soir-là... — vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
— On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.