La
poésie lyrique - synthèse
Musique et poésie : une même source
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En Grèce, la poésie était chantée et
accompagnée à la lyre, instrument d’apollon, dieu de la poésie ou d’Orphée,
poète mythique dont la voix enchanteresse calmait les souffrances et
apprivoisait la mort. Le lyrisme définit
donc d’abord le lien entre poésie et musique. Ce n’est qu’en 1755 qu’il
devient l’expression « des
sentiments intimes du poète » (Abbé Batteux, Principes de littérature) sublimés
dans une parole ayant la musique pour modèle.
Orphée : le
Prince des poètes (p.37)
·
La
légende raconte qu’Orphée, le poète à la lyre, fut inconsolable à la mort d’Eurydice.
Descendu aux enfers, il chanta son amour perdu en vers si beaux que les Dieux
infernaux furent émus.
La poésie lyrique
au Moyen Âge
·
La
poésie chantée, associée à la musique et à la danse s’exprime dans des lais,
pastourelles, ballades, rondeaux (chant
pour danser en rond) célébrant la « Dame », figure idéalisée
de l’épouse du seigneur. Au XVe siècle, la poésie se fait savante.
Les « Rhétoriqueurs » expriment leur émotion en complexifiant les
formes fixes.
La poésie
lyrique de la Renaissance
·
Musique
et poésie se séparent. Certes, l’Italien Pétrarque (1304-1374) invente et
définit le sonnet comme un « petit son ». Il est chanté pour Laure
puis recueilli dans le Canzoniere
(1327) « le recueil de chansons ». Cette autonomie permet au poète de
mieux maitriser son art. Les schémas codifiés de la poésie courtoise cèdent le
pas à l’expression sincère de la vie intérieure.
Ex1 :
Les sonnets de Louise Labé évoquent la blessure intime de l’amour. (p.104)
La Pléiade, groupe de poètes mené
par Ronsard et Du Bellay pour défendre
et enrichir le français réclame des formes poétiques nouvelles comme l’ode inspirée
des formes antiques (Mignonne allons voir si la rose de Ronsard) ou le
sonnet.
Ex
2 : Ronsard dans le sonnet « Marie » utilise la structure duelle
des quatrains et tercets pour inviter à l’amour à cause du prénom qui a pour
anagramme « aimer ». (Amours) (p.101)
La poésie lyrique au XVIIe siècle
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A
l’époque baroque, poésie et musique se répondent pour exprimer le goût du
mouvement et des émotions violentes. Mais
le jeu codifié présent dans la poésie précieuse l’emporte sur l’expression
authentique des sentiments. En poésie classique, l’expression du sentiment amoureux suit les lois de la
versification. Cette virtuosité entraîne un retrait du lyrisme.
La poésie lyrique
au XIXe siècle
·
En
donnant une voix au « moi » solitaire, le romantisme voit renaître le lyrisme. Il est alors associé à la
figure d’Orphée, poète endeuillé auquel s’identifient les poètes romantiques
qui éprouvent le mal du siècle et « le vague des passions » et se
réfugient dans la nature pour dire un amour passé ou impossible. C’est une poésie lyrique intimiste.
Ex3 : Lamartine dans « Le lac » inspiré
par sa liaison amoureuse avec Julie Charles, atteinte d’une maladie incurable
cherche à lier éternellement l’amour aux lieux qui l’ont favorisé. (p.290)
·
L’échec
de la révolution de 1848 inaugure un nouvel âge du lyrisme. Dire
« je » en liant son destin à celui des opprimés devient
dérisoire. L’amour est alors associé au
Beau et à l’Idéal chez les poètes du Parnasse, défenseurs de l’Art pour
l’Art.
Ex
4 :
Baudelaire dans « Parfum exotique »
fait entendre le « je » du poète associé aux sens et
particulièrement celui de l’odorat à partir du corps de la femme aimée. (p. 346)
Les poètes
symbolistes
comme Verlaine expérimentent une « musique du moi » mélancolique
(lyrisme élégiaque).
Ex
5 :
« Mon rêve familier » laisse filtrer le souvenir flou de la femme
aimée idéale mystérieusement présente et absente à la fois. (p.363)
·
Rimbaud se moque des romantiques et refuse le lyrisme sentimental pour livrer ses expériences de
jeunesse.
Ex
6 :
« Roman » de Rimbaud évoque avec humour l’intensité des premières impressions
amoureuses. (p.370)
La poésie au XXe
siècle
·
Apollinaire
invente un lyrisme reliant passé et modernité.
Ex
7 : « Le pont Mirabeau » en associant l’exploration du
sentiment amoureux à la fuite du temps
au s’inscrit dans la tradition lyrique mais il renouvelle la forme poétique. (p.420)
Les
surréalistes avec Eluard définissent « le comportement lyrique »
comme écoute de l’inconscient et du rêve. La poésie lyrique s’attache alors à
la richesse des mots, des sons et des rythmes prenant alors une dimension universelle.
Ex
8 : Eluard célèbre l’amour fou dans « La courbe de tes yeux fait le
tour de mon coeur » (p.440)
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